jeudi 24 novembre 2011

Recréer le bandonéon, c'est le défi de l'Université de Lanús, Argentine

Pour faire face à la difficulté de rencontrer un bandonéon à prix abordable, l'Université Nacional de Lanús a décidé de concevoir un bandonéon d'étude : le Pichuco, du surnom du célèbre bandonéoniste Anibal Troilo pour créer un outil 100% argentin pour perpétuer le tango. 

C'est Ana Jaramillo, rectrice de la jeune Université Nationale de Lanús, amatrice de tango et elle-même bandonéoniste qui en a eu l'idée. Elle fait également partie de l'Académie Nationale de Tango. Avec une équipe de licence en dessin industriel et son directeur Roberto de Rose, le directeur du projet Roberto Crespo, le co-directeur Guillermo Andrade et les enseignants Edagardo Chanquía, Mariano Llorens, Mayté Ossorio, Agustín Peralta, Fabián Martínez, Andrés Ruscitti, Magdalena Vidart et plusieurs élèves Rubén Hassna, Luis Nocetti Fasolino ou Melisa Ríos qui s'investissent à cette précieuse tâche qui a transformé un projet de recherche de l'Université  en dorénavant une réalité sur le point d'être présentée au public.

Ce bandonéon d'étude devrait être accessible et pourra être proposé dans les écoles pour que les enfants puissent apprendre.

Roberto de Rose :   " Nous avons la volonté d'industrialiser la fabrication du bandonéon, en plus d'une esthétique et de le transformer en produit culturel du XXIème siècle, avec l'intention de massifier la vente à travers les bénéfices de l'industrialisation du processus et l'emploi de nouveaux matériaux et technologie. (...)
Beaucoup se sont lancés dans la reproduction de façon artisanale de ce qui s'était déjà fait pour parvenir à répliquer les 2300 pièces que comporte un bandonéon, mais nous pensons que le chemin est différent. (...)
La rectrice était en contact avec la Casa del Bandoneon, avec un des luthiers les plus importants, Oscar Fischer, et grâce à lui, dès les premiers échanges, nous en avons terminé avec les mythes du bandonéon : qu'on ne pouvait pas le jouer, qu'on ne pouvait pas le changer... Nous avons donc commencé à travailler. Parce que la réalité, c'est qu'il n'est plus fabriqué depuis plus de 50 ans. Le peu qu'il reste est vendu à l'étranger et c'est pour cette raison qu'il existe une loi de protection pour qu'on ne puisse plus exporter de bandonéons anciens. L'autre raison est que nous pensons que l'Argentine a changé son contexte éducatif et culturel. Aujourd'hui, nous pouvons parler d'un projet d'orchestre-école qui se font dans des quartiers marginaux et dans ce sens, on se rend compte que le bandonéon est un instrument de musique urbaine."

Roberto Crespo : "De plus, la rectrice a une vision très claire de la formation qui n'est pas seulement informative mais formatrice pour intégrer le monde de la production et pourquoi pas avec le bandonéon. Après tant d'années qu'il ne se fabrique plus et pour ce que cela signifie culturellement. Alors pourquoi ne pas le tenter depuis notre fabrique de rêve que nous avons ici à l'intérieur. C'est ainsi que nous avons "désossé" le premier bandonéon fin 2008. (...) Un élève boursier a commencé à mesurer et à dessiner toutes les pièces de bois."

Edgardo Chanquía : "Nous avons beaucoup expérimenté avec le soufflet. Originalement, chacun est un carton qu'on unit au bord. Nous avons développé un seul pli, avec une seule pièce de polymère. Cela réduit déjà le temps de montage de deux semaines à un jour !

Mariano Llorens : " Il doit sonner comme un bandonéon. Les changements que nous avons fait de matériaux sont des pièces qui font partie de mécanismes internes mais pour d'autres on a conservé le bois parce que cela a du sens."

 Roberto Crespo : "Il y a une proposition d'un parti pris de construction avec l'objectif de réduire la quantité et la diversité des pièces et processus, en maintenant des aspects ergonomiques et fonctionnels du bandonéon bisonore de 71 touches, son doigté et ses qualités de timbres. En diminuant la main d'œuvre artisanal pour réduire les temps de production et d'assemblage avec pour conséquence le coût final du produit.

Les musiciens consultés ont suggéré de faire attention à la sensibilité du clavier, le réglage de la courroie pour la main et le poids, même si celui qui apprend à jouer n'a pas ses subtilités.

Le plus difficile à résoudre sont les anches. Les luthiers liment chaque pièce en les accordant une à une. Ce qui n'est pas viable dans un processus industriel. Le défi a été de faire les anches grâce à une plaque unique coupée au laser, avec le son adéquat.

Le 20 novembre 2011 doit se signer une résolution du conseil supérieur déclarant l'Université le jour de la Souveraineté musicale où le bandonéon sera présenté.

Ana Jaramillo : "C'est une façon de préserver le patrimoine culturelle de la nation argentine. En faisant en sorte que les enfants dans les écoles puissent en avoir un, de la même façon qu'ils ont accès à une guitare, un piano ou un violon. C'est la raison pour laquelle nous avons eu l'idée de construire un bandonéon d'étude accessible, esthétique, fonctionnel, économique, national et populaire.

Vous pouvez lire l'article de Luján Cambariere dans son intégralité et en V.O. dans le Pagina 12 du samedi 19 novembre 2011 en cliquant